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Les tribulations d'un rat de bibliothèque hyperactif
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25 février 2013

Seul dans Berlin - Hans Fallada

P1040762Salut les costauds (et les costaudes)!

  Pour vous prouver que je ne lis pas que des BDs et des magazines, je vous présente le dernier roman que j'ai pris le temps de lire.

  J'ai eu ENORMEMENT de mal à la finir. En fait, j'ai surtout eu du mal à le commencer. Je lisais deux-trois chapitres, puis j'allais voir ailleurs pendant plusieurs semaines. Je ne me souviens même plus du moment où je l'ai acheté (alors que d'habitude, si).

  Et puis quelque chose m'a intriguée: quand je reprenais l'histoire là où je l'avais laissée, je n'avais aucun problème pour me remettre dedans. Je me rappelai instantanément de ce qui s'était passé avant. Du coup, je l'ai fini... pour savoir si j'allais me souvenir de la fin aussi facilement!

  L'HISTOIRE: Seul dans Berlin, ça m'a d'abord fait penser à Emile et les détectives, de notre bon vieux Erich Kästner, autre grand grand romancier allemand. Et puis en fait, le titre en VO le dit lui-même, rien à voir: Jeder stirbt für sich allein (Chacun meurt pour lui-même). Prend ça dans ta face, petit lecteur moderne!

  Il n'y a pas vraiment d'histoire en fait. Ce sont plutôt des tranches de vies (bon Dieu, que je déteste cette expression! J'ai l'impression de couper des gens en tranches...) qui se croisent, qui s'influencent et qui reprennent leur chemin. C'est la vie pendant la Seconde Guerre Mondiale, à Berlin, sous le joug nazi. Il s'en passe des choses! Et il y en a du monde! Des Nazis, des policiers, des voleurs, des ouvriers, des soldats, des enfants, des femmes au foyer, des tricheurs, des menteurs, des innocents, des coupables, des rigolos et des casse-pieds. Sans oublier les Juifs, bien entendu, mais il n'en restait déjà plus beaucoup en liberté dans les rues, à l'époque où commence le livre.

  Au début, je me suis dit: Raaaaah, encore un bouquin sur les Nazis, qui fustige le méchant allemand et fait pleurer dans les chaumières avec les pauvres Juifs et les si rares opposants au régime qui n'osent rien dire, bande de lâches! (Souvenez-vous, je suis franco-allemande, donc si moi, je dis que j'en ai marre...)

  Et en fait, non. Parce que ce livre est un chef d'oeuvre (sisi, je vous assure!) Parmis tous ces personnages, personne n'est totalement bon, ni foncièrement mauvais. Ce sont juste des gens, comme vous et moi, qui essaient de s'en sortir. Il y en a qui préfèrent se battre pour leurs idées, et d'autres qui préfèrent se battre chaque jour pour faire manger leurs enfants. Et il y a ceux qui comptent bien en profiter, de ce régime. Et tout est là: des gens comme vous et moi. La question que Fallada pose au lecteur étant la suivante: regardez-les. Ils ne sont pas si différents de vous, n'est-ce pas? Et VOUS, qu'auriez-vous FAIT? Fallada montre que les héros ne sont pas nécessairement ceux que l'ont croit. Ce n'est pas forcément poser une bombe sur un chemin de fer. C'est peut-être, en silence, faire quelque chose qui ne sert à rien, mais qui est remarqué tout de même, et qui dérange. C'est peut-être essayer de vivre et d'être heureux, sans oublier, mais en s'améliorant soi, et en participant au bonheur des autres.

  Il faut savoir que Seul dans Berlin est le dernier roman publié par ce cher Hans, qui est mort un an après sa parution (sources: http://hansfallada.com/). D'ailleurs, si on va par là, la plupart de ses romans semblent avoir un rapport avec l'évolution du régime nazi (je ne les ai pas lus, j'ai lu des trucs dessus, voir lien ci-dessus). Des années 1930 à son dernier roman, ses livres illustrent la vie des Berlinois, leurs luttes, les raisons qui les ont poussées à acclamer Hitler. Et je me demande comment il a réussi à passer à travers les mailles du filet de l'autodafé. Parce qu'il était quand même grave antinazi, le père Hans.

  Petite note: l'aventure des Quangel est tirée d'une histoire vraie.

  J'ai recoupé ce que j'ai lu dans Hans Fallada et ce qu'ont pu me raconter mes grands-parents: les Jeunesses Hiltériennes, la vie en ville et la vie à la campagne...

  Pour la première fois pour moi, je lisais l'histoire du côté allemand, écrite par quelqu'un dautre et sur quelqu'un d'autre qu'un Juif rescapé (je sais que je vais choquer, mais les Juifs, pauvres âmes, ne sont pas les seuls à avoir souffert dans cette guerre. Je tiens à faire remarquer que mon grand-père et ses petits camarades n'ont pas demandé à aller faire la guerre à 15 ans! Sans parler du reste mais je ne suis pas historienne de profession, donc passons...) Et ça, c'est comme A l'Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts neues): c'est rare.

  Je vous conseille donc ce petit bijou, qui va vous faire sangloter à partir du dernier quart (soi-dit en passant, oui, je sanglote souvent en lisant des livres, ça m'évite de braire à chaque fois qu'il se passe quelque chose d'émouvant dans la vraie vie: mon capital larmes est déjà tout usité). Et si voulez le lire en allemand, warum nicht? Mais le voca est ardu, je l'ai lu en français (et c'est à mon avis très bien traduit).

  Je reviendrai la semaine prochaine, pour une nouvelle BD, très probablement (j'écume la médiathèque, là) et je vais y aller parce que je me lève dans tellement pas longtemps que je suis fatiguée à l'avance...

Biz à vous!

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